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Métaux non-ferreux : valse hésitation

Posté par : Christophe Véron 24.10.2023 à 12h00

Un pas en avant ; un pas en arrière. Face aux incertitudes grandissantes et toujours plus nombreuses qui planent sur le monde, c’est la valse-hésitation qui domine les marchés de matières premières. Les métaux ne font bien évidemment pas exception.

Illustration avec le cours de l'aluminium qui continue de se chercher sur la Bourse des métaux de Londres (LME), malgré un tassement moins fort que prévu de la croissance chinoise, les déboires du secteur immobilier du pays pesant encore sur la demande du métal dans un environnement d'aversion au risque. « Le cours de l'aluminium est (...) sous pression, dans le sillage des marchés des métaux industriels », qui évoluent dans un climat d'évitement du risque, explique Thu Lan Nguyen, analyste chez Commerzbank.

Parallèlement les analystes de Sucden Financial relèvent aussi que « les banques centrales maintiennent un discours laissant entendre que des taux d'intérêt élevés se maintiendront plus longtemps en raison de la persistance de l'inflation, qui a pesé sur la performance des métaux industriels ».

En Chine, « malgré les promesses de Pékin de soutenir l'économie, les mesures actuelles ne devraient pas avoir d'impact immédiat sur le secteur immobilier » en forte crise, poursuivent-ils, « ce qui signifie qu'il est peu probable qu'il y ait un développement immobilier à grande échelle » à court terme susceptible de soutenir les cours. Les données économiques sur la Chine, très important consommateur de métaux industriels, sont scrutées par les investisseurs. La croissance chinoise s'est tassée au troisième trimestre, toutefois moins que prévu, largement à cause de la crise sans précédent de l'immobilier dans le pays.

Pour autant, sur une semaine, l’aluminium évolue à la marge. Son cours lowest LME cotait 2.148 dollars mardi 17 octobre ; il en valait 2.145 huit jours plus tard. Certains analystes interprètent cette belle résistance du métal léger comme le signe probable qu’il a désormais atteint un niveau plancher. Une opinion probablement partagée par les fonds spéculatifs que nous évoquions récemment et qui se sont massivement portés aux achats la semaine dernière.

 

Etain : désormais critique

L’Indonésie vient de classer l’étain comme métal critique (stratégique). Le pays est le deuxième plus grand producteur d’étain avec 16% de la production mondiale, juste derrière la Chine (37%) et devant le Pérou. Le marché mondial de l’étain est concentré autour de cinq pays qui accaparent 80% de la production. La Chine a déjà mis en place, depuis de nombreuses années, des restrictions aux exportations pour l’étain. Avec cette nouvelle classification, l’Indonésie pourrait faire de même prochainement. C’est une mauvaise nouvelle pour l’Europe qui a absolument besoin de l’étain pour réussir sa transition énergétique. Seul le Portugal en possède mais dans des proportions extrêmement limitées. Sur une semaine, le cours lowest de l’étain sur le LME fait toutefois preuve d’un certain flegme en se maintenant autour des 24.700 dollars.

 

Cuivre : nerveux

Très mauvais début de semaine pour le métal rouge qui a chuté à son plus bas niveau depuis onze mois, pour ensuite entamer un pénible redressement qui l’a ramené à son niveau de la semaine précédente, soit 7.900 dollars. Sur le plan des fondamentaux, outre les conséquences de la crise immobilière en Chine et les craintes d’un embrasement généralisé au Moyen-Orient du conflit sur la bande de Gaza, le cuivre souffre de l’ascension constante de ses stocks officiels. Ceux gérés par le LME atteignent désormais leur plus haut niveau depuis deux ans et dépassent les 190.000 tonnes. Quant à ceux de Shanghai, ils augmentent depuis deux semaines et s’approchent des 60.000 tonnes.

Par ailleurs, léger mieux pour le zinc qui gagne une vingtaine de dollars, à 2.410 dollars. Le plomb progresse pour sa part d’une trentaine de dollars à 2.115 dollars. Enfin, le nickel abandonne 300 dollars et repasse sous la barre des 18.000 dollars, à 17.845.