cuivre aluminium LME
Un milliard de Chinois, et moins, et moins ?
Posté par : Christophe Véron 26.09.2023 à 11h10
L’espoir aura été de courte durée. Il y a à peine deux semaines, les autorités chinoises donnaient des signes encourageants de relance de l’économie, allant jusqu’à faciliter le rééchelonnement de la dette du groupe immobilier Country Garden, un géant de ce secteur en pleine crise. Patatras, une filiale du développeur immobilier chinois Evergrande a annoncé son incapacité à payer ses obligations en temps et en heure ; de plus, elle a reconnu ne pas être en mesure d’émettre de nouvelles obligations en raison d’une enquête financière en cours.
Depuis le début de l’année, les métaux industriels essuient des pertes liées au ralentissement de la demande en Chine, où le marché immobilier est à la dérive et l’activité manufacturière en berne.
D’après Carsten Menke, analyste chez Julius Baer, les mesures chinoises de relance devront être de grande ampleur pour relancer la demande. « La population chinoise diminue, le gouvernement sait que moins de logements seront nécessaires à l’avenir », ajoute-t-il.
Illustrant ce tassement de la demande, les stocks de LME semblent ne plus pouvoir s’arrêter de grimper. Ils ont en effet bondi de plus de 200 % depuis leur niveau de la mi-juillet et totalisent actuellement plus de 166.000 tonnes.
Un dollar pénalisant
Autre facteur déterminant dans la demande en métaux, le renchérissement du dollar. La reconduction des taux par la Fed, la semaine dernière, et l’hypothèse d’une hausse d’ici la fin de l’année, consolident le billet vert et renchérissent donc le cours des métaux pour les acheteurs hors zone dollar. De même, une partie des fonds spéculatifs ont liquidé leurs positions de métaux pour les reporter sur le dollar.
Dans ce contexte, les cours du cuivre ont décroché sur tous les marchés, à commencer par le LME. Alors que nous bouclons ce numéro, son cours lowest vient de repasser sous la barre des 8.071 dollars, son plus bas depuis fin mai. Pour Ole Hansen, analyste chez Saxobank, cette perspective a déclenché la vente du métal tout en portant le dollar. « La fermeté du dollar américain est un facteur qui pèse sur le cours » du cuivre, libellé en billet vert, explique Barbara Lambrecht, analyste chez Commerzbank.
Reste maintenant à essayer de déterminer jusqu’où le métal rouge peut tomber. Un analyste s’est essayé à ce difficile exercice : Carsten Menke, déjà évoqué plus haut, qui reste optimiste. Celui-ci rappelle que la transition verte nécessitera des quantités considérables de cuivre. Pour lui, c’est clair : « Si le cuivre descend à 8.000 $ ou en-deçà, ce sera perçu comme une opportunité d’achat ».
Le recul du cuivre impacte le reste du marché dans des proportions assez limitées. L’aluminium notamment fait presque bonne figure, parvenant à se maintenir autour des 2.200 dollars (+50). En revanche, le nickel décroche de plus de 1.000 dollars et repasse sous la barre des 19.000 dollars. Le zinc gagne une vingtaine de dollars à 2.515 dollars, tandis que le plomb en perd une trentaine et repasse sous les 2.200 dollars. Enfin, l’étain fait du sur-place, entre 25.200 et 25.700 dollars.