cuivre aluminium zinc
Métaux de base : prudence et nervosité
Posté par : Christophe Véron 17.10.2023 à 11h30
Guerre en Ukraine, conflit israélo-palestinien, récession économique, taux d’intérêts : autant de facteurs qui rendent le marché des métaux de plus en plus nerveux ; donc de plus en plus prudent.
Le président américain, Joe Biden, doit se rendre en Israël ce mercredi, une visite très attendue alors que le pays s’apprête à lancer une offensive d’ampleur contre le Hamas. Les principaux producteurs iraniens de pétrole ont indiqué vouloir prendre des « mesures préventives ». Sur le marché des métaux, les conséquences de telles actions se manifesteront principalement par une baisse du goût du risque, selon Craig Lang, analyste du CRU. Pour sa part, Goldman Sachs estime que le marché des métaux industriels restera vulnérable à court terme en raison d’une détérioration de la demande et du niveau élevé des taux d’intérêt. Enfin, le discours de Jerome Powell, président de la Fed, attendu ce jeudi devrait permettre aux investisseurs d’y glaner des informations concernant l’orientation des prochaines mesures de la banque centrale.
Dans ce contexte, le cours du cuivre s'est replié sur le London Metal Exchange (LME), cédant près d’une centaine de dollars, à 7.825 dollars mardi matin. Le métal rouge s'est ainsi retrouvé à nouveau sous pression, en raison d'une « hausse des stocks dans les entrepôts du LME, à un plus haut de deux ans », explique Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank. Selon Thu Lan Nguyen, analyste chez Commerzbank, ces données indiquent « une faible demande non seulement en Chine » dans le secteur de l'immobilier, « mais dans le monde entier ».
Lors de la LME Week, la semaine passée à Londres, Saad Rahim, économiste chez Trafigura, a cependant affirmé que la demande de cuivre est résiliente en Chine dans les domaines de l'automobile et des infrastructures, qui compensent en partie la faiblesse de l’immobilier, en crise. De fait, le cuivre reste malgré tout soutenu par la demande chinoise, moins dégradée que prévu, comme en témoignent les chiffres montrant un pic des importations de cuivre en septembre, même si ces dernières demeurent inférieures au niveau de 2022.
« Le positionnement sur le cuivre est toujours court, il indique que les opérateurs recherchent des cours plus bas », commente Ole Hansen. « Le marché s’inquiète de voir le conflit se propager, ce qui ferait flamber les cours du pétrole et exacerberait les menaces de récession, autant de facteurs négatifs pour les métaux de base », ajoute-t-il.
Alu : des fonds spéculatifs achètent à bon compte
Le cours de l’aluminium HG s’inscrit dans le sillage du cuivre avec une perte hebdomadaire d’une centaine de dollars, à 2.142 dollars mardi. Les fonds spéculatifs semblent s’intéresser au métal léger. Pour preuve, nous venons d’apprendre que Squarepoint Capital LLP aurait acheté pour plus de 50.000 tonnes d’aluminium sur le LME, livrable physiquement en Corée du Sud. Il s’agirait essentiellement de métal russe produit par Rusal. La semaine dernière, c’est Citigroup qui avait procédé également à d’importants achats d’aluminium (mais aussi de zinc). D’aucuns considèrent que ces achats spéculatifs se font à bon compte en raison de l’importance des stocks excédentaires. A noter que le métal russe est évité par certains acheteurs, ce qui provoque une dislocation des prix sur le marché, le métal russe étant assorti d’une décote par rapport à du métal d’autres origines.
Recul de près de 500 dollars pour le nickel dont le cours lowest LME flirte désormais avec le plancher des 18.000 dollars. Le marché s’inquiète de la hausse des stocks qui va de pair avec un tassement de la consommation
Le zinc suit la tendance baissière, abandonnant 60 dollars, à 2.370 dollars. Là encore, la hausse des stocks et la pauvreté des prévisions de consommation pèsent sur la tendance. Les analystes de chez AOCE tablent sur une moyenne de 2.500 dollars l’an prochain et de 2.600 dollars en 2025.
Le plomb suit le mouvement à 2.075 dollars (-30).
L’étain fait figure d’exception avec un gain de 300 dollars, à 24.995 dollars.