Chine Covid-19 cuivre
Panorama des non-ferreux
Extrême nervosité
Posté par : Christophe Véron 24.03.2020
Le marché des métaux continue à faire preuve d’une extrême nervosité. La semaine dernière aura été particulièrement néfaste pour le complexe. Le cuivre a notamment beaucoup souffert, terminant la semaine dernière à 4.371 $, son plus bas niveau depuis janvier 2016.
La Chine, premier importateur mondial de matières premières, a dévoilé une série d'indicateurs moroses pour janvier et février, sur fond de pandémie de Covid-19. Parmi ceux-ci : la production industrielle s'est contractée de 13,5%, pour la première fois en près de 30 ans, selon le Bureau national des statistiques (BNS). Toutefois, la situation s'améliore au cours du mois de mars. L'activité a ainsi repris à plus de 90% en dehors de la province du Hubei, la plus touchée par le virus, a assuré la puissante commission de planification.
Cette nervosité du marché est liée bien entendu aux craintes de récession économique suscitées par une épidémie de Covid-19 dont l’épicentre se situe maintenant en Europe — des craintes qui touchent toutes les commodités et tous les marchés financiers. Mais elle est également liée aux nouvelles modalités de fonctionnement mises en place par le LME pour tenter de limiter la propagation du coronavirus. Dans un premier temps, la bourse avait envisagé de déplacer son activité de trading à la criée sur le site de secours de Chelmsford, dans l’Essex. Finalement, elle a poursuivi cette activité au 10 Finsbury Square à Londres jusqu’à vendredi dernier. Depuis le 23 mars et pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale, c’en est fini des échanges à force de voix et de gestes. L’activité est passée en mode 100% électronique.
« Avec le ralentissement rapide de l’activité industrielle mondiale, sauf en Chine où elle commence à redémarrer, la demande nette en métaux est appelée à reculer encore et les stocks à augmenter, ce qui à court terme ne peut déboucher que sur une pression baissière accrue sur les cours », résume Malcom Freeman (Kingdom Futures).
Les inquiétudes des investisseurs se portent aussi sur les États-Unis, « deuxième plus grand consommateur mondial de nombreux métaux » selon Daniel Briesemann, analyste pour la Commerzbank, qui « connaîtront une interruption temporaire de la demande ».
Intervention de la Fed
Consciente du danger, la Fed la Fed a en effet annoncé des rachats sans limite de toutes sortes de créances d’Etats américains, de collectivités locales, d’entreprises privées, et même de particuliers. Du jamais vu. Ces mesures, a estimé un trader en métaux de base, vont « aider à amortir la chute des actifs à risque avant que le taux d’infection par le virus n’atteigne son pic ».
Par ailleurs, les mesures de confinement prises dans plusieurs pays miniers, en République démocratique du Congo par exemple, devraient réduire les tonnages disponibles à la vente, et contribuer ce faisant à un petit rééquilibrage du marché. Portés par ces annonces, les métaux sont donc repartis à la hausse ce mardi matin effaçant en partie les pertes cumulées depuis la semaine dernière. D’un mardi l’autre, le cuivre abandonne tout de même 500$, à 4.720 $, l’aluminium HG une centaine de dollars, à 1.535 $, le plomb cède pour sa part 70 $ à 1.639 $. Contre-performance également pour le nickel qui tombe à 11.100 $ (-800 $), le zinc qui recule à 1.835 $ (-70 $) et l’étain à 13.450 $ (-1.000 $). A noter que ce dernier était tombé la semaine dernière à 12.700 $, son plus bas niveau depuis juillet 2009.
A noter également que les précieux sont malmenés. Le lingot d’or à Paris a toutefois redressé la barre passant de 43.097 € mardi 17 à 45.314 € en début de semaine.