cuivre aluminium LME
Offre versus demande : le courant passe mal
Posté par : Christophe Véron 06.09.2022 à 11h20
Les nuages n’en finissent pas de s’accumuler au-dessus des bourses de cotation des métaux. Sur le London Metal Exchange (LME), ils ont été plombés ces derniers jours par un dollar en pleine forme et par la perspective d'une politique monétaire plus stricte. « En plus, les inquiétudes sur la croissance ont été alimentées par la lutte contre le Covid-19 qui continue en Chine avec de longs confinements » qui pèsent sur l'activité du premier importateur mondial de métaux, relève Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank. Naeem Aslam, analyste en chef chez Ava Trade, estime que les mesures chinoises visant à freiner la propagation du virus impacteront à la fois l’offre et la demande. « Si les fonderies sont fermées, l’offre va être réduite, mais la consommation sera également plus faible, c’est donc à double tranchant », explique-t-il. « L’une des raisons derrière ce mouvement baissier est la manière dont les banques centrales réagissent, et l’inquiétude que cela suscite chez les investisseurs et les négociants, qui craignent une potentielle récession ».
« Si l’on regarde les données économiques chinoises, le tableau n’est pas réjouissant. Et nous n’avons pas encore de vue d’ensemble les dommages causés par les confinements », souligne pour sa part un négociant. « Les mesures de relance du pays n’ont pas changé la donne pour la demande en métaux », ajoute-t-il.
Un sondage mené par Reuters suggère que la croissance des exportations chinoises s’est sans doute érodée en août, en raison de l’affaiblissement de la demande mondiale. Les importations devraient également montrer un essoufflement, conséquence de la faiblesse de la consommation.
L'aluminium a vu son cours plonger à 2.270 dollars, un plus bas depuis mars 2021. Il en valait près de 2.500 il y a une dizaine de jours… Pourtant, à plus long terme, ce métal pourrait profiter des limitations de la production que pourrait causer la crise énergétique à travers le monde, les fonderies d'aluminium étant particulièrement gourmandes en électricité. « Les dernières informations venues de la région chinoise de Yunnan montrent que l'offre pourrait être réduite, avec des niveaux de réserve d'eau à 50% de leur niveau habituel », alors que de nombreuses usines d'aluminium de la région utilisent l'électricité venue de barrages hydrauliques, notent les analystes de Commerzbank. En fin de semaine dernière, le métal léger avait tiré son épingle du jeu, soutenu par l’annonce du producteur néerlandais Aldel, de la mise en veille de sa capacité de production sur son site de Farmsum.
Le cuivre tiré à hue et à dia
Pour sa part, le cuivre est tiré à hue et à dia. Le potentiel de baisse apparait toutefois assez limité aux yeux de certains analystes qui mettent en parallèle la faiblesse des stocks et des perspectives de consommation très encourageantes dans le cadre des politiques de transition environnementales mises en place un peu partout dans le monde. Sur une semaine, son cours lowest LME (LLME) abandonne toutefois pas mal de terrain, avec un repli de près de 200 dollars à 7.700 dollars ce mardi. Autre métal impacté : l’étain qui a fini la semaine dernière en repli de 13%, pour atteindre son plus bas niveau depuis juin 2021. Sur une semaine, il cède 2.000 dollars, à 21.740 dollars. Le plomb perd pour sa part une centaine de dollars et repasse ainsi sous la barre de 1.900 dollars. Idem pour le zinc : 3.200 dollars (-300). Enfin, le nickel fait figure de bon élève en affichant une belle stabilité autour des 21.400 dollars.