cuivre aluminium LME
Métaux non-ferreux : une reprise encore trop fragile
Posté par : Christophe Véron 19.01.2021 à 11h45
Sur le marché londonien (LME), les cours des métaux industriels se sont un peu tassés en début de semaine, les inquiétudes entourant les effets de la crise sanitaire sur l’économie mondiale restant bien présentes. Côté macroéconomique, les nouvelles en provenance du Royaume-Uni ne se montrent guère rassurantes puisque l’économie du pays s’est contractée en novembre pour la première fois depuis le premier confinement du printemps. En Allemagne, c’est la situation sanitaire qui préoccupe, le nombre de contaminations ayant dépassé le seuil symbolique des deux millions. « Le monde fait encore face à des menaces et des challenges conséquents. Il est par ailleurs possible que Joe Biden impose des mesures de confinement plus strictes au premier trimestre, ce qui pourrait affecter l’économie du pays » a averti Xiao FU, analyste chez Bank of China International, à Londres.
A noter que Joe Biden a dévoilé jeudi dernier un nouveau plan de relance d’urgence de 1900 milliards de dollars, visant à sortir les États-Unis de leur pire crise depuis les années 30, et qui sera suivi dans les prochaines semaines d’un plan d’investissements pour relancer l’économie. D’après les analystes de chez ANZ, les métaux devraient tirer parti ce ces aides, plus particulièrement le cuivre et le nickel.
Reste que la Chine a fait état d’une croissance économique très solide au dernier trimestre 2020, ce qui lui a permis de boucler l’année dans le vert, à rebours des autres grandes économies de la planète. « Les indicateurs chinois se sont révélés solides, ce n’était pas une grosse surprise, mais ils confirment que la Chine a retrouvé son niveau d’avant crise et c’est un facteur très positif pour les métaux » a indiqué l’analyste indépendant Robin Bhar.
Pour autant, l’Empire du Milieu n’en a pas fini avec le coronavirus : lundi 18 janvier, le ministère chinois de la Santé a fait état de 109 nouveaux malades, dont près d’un tiers dans le Jilin (limitrophe de la Corée du Nord). En conséquence, les autorités ont confiné trois millions d’habitants supplémentaires dans deux villes de la province. Ailleurs dans le pays, des confinements ont été partiellement levés dans le Hebei (Nord), la province qui entoure Pékin et où la majorité des nouveaux cas nationaux avaient été enregistrés ces dernières semaines.
Les douanes chinoises ont publié jeudi dernier les dernières données des importations pour décembre (en hausse de 6,5% sur un an), un chiffre « élevé qui se reflète également dans les produits de base », a constaté Daniel Briesemann, de Commerzbank.
« Bien que la Chine n'ait importé que 512.000 tonnes de cuivre brut en décembre - le chiffre le plus bas en sept mois - les importations de cuivre en 2020 dans leur ensemble ont atteint un niveau record de 6,68 millions de tonnes, soit une augmentation de 34% par rapport à l'année précédente », a poursuivi l'analyste. Ce qui laisse penser « que la Chine a acheté plus de cuivre qu'elle n'en avait réellement besoin », selon lui, une situation qui contribue au retour en arrière des cours.
De plus, le géant asiatique a enregistré jeudi le premier décès dû au Covid-19 sur son territoire depuis huit mois, selon la Commission nationale de santé, signe que la pandémie n'est pas éradiquée dans le pays.
Le cuivre reste cependant à un niveau élevé proche des 8.000 dollars la tonne, après avoir battu vendredi dernier un nouveau record depuis début 2013 à 8.238 dollars la tonne. Côté aluminium, le marché observe que la Chine a produit 37.08 millions de tonnes d’aluminium en 2020, soit un niveau record, qui s’explique par la volonté des fonderies de tirer parti des cours élevés. La production de décembre a même culminé à un record historique, alors que la flambée des cours avait marqué le pas. Sur une semaine, le métal léger encaisse mal ces statistiques et abandonne une soixantaine de dollars à 1.960 dollars. Le nickel fait de la résistance et gagne près de 200 dollars en cinq séances, à 18.000 dollars, soutenu par une activité significative dans le secteur des aciers inoxydables. En revanche, le zinc affiche une réelle contre-performance, à 2.680 dollars (-140). Stabilité du plomb, autour des 1.990 dollars. Hausse de 300 dollars pour l’étain, à 21.250 dollars.