cuivre aluminium LME
Levée des restrictions chinoises : un bol d’air pour les métaux
Posté par : Christophe Véron 06.12.2022 à 12h10
Le cuivre a démarré cette semaine en fanfare, entraînant dans son sillage l’ensemble du complexe. Le métal rouge a ainsi atteint son meilleur niveau depuis trois semaines, à 8.550 dollars, sur fond de regain d’espoir concernant la demande.
Sous la pression populaire grandissante, alors que la politique ‘zéro Covid’ de la Chine fait maintenant figure d’exception à l’échelle mondiale, plusieurs villes chinoises ont encore allégé les règles draconiennes anti-Covid, le président Xi Jinping faisant valoir que le variant Omicron du virus, moins mortel, permet « plus de souplesse » dans les restrictions. La Chine avait déjà décidé mardi d'accélérer la vaccination des personnes âgées contre le Covid-19, deux jours après des manifestations historiques contre les restrictions sanitaires et pour plus de libertés. Cette annonce « constitue la première indication que Pékin pourrait envisager un assouplissement de sa politique draconienne de lutte contre le Covid », affirme l'analyste Ricardo Evangelista, d'ActivTrades, le taux insuffisant de vaccination en Chine étant l'un des arguments mis en avant par le gouvernement pour justifier la stricte politique sanitaire du « zéro Covid ».
La Chine est la dernière grande économie à appliquer une politique anti-Covid rigoureuse, qui implique des confinements à répétition, des tests de la population plusieurs fois par semaine et de longues quarantaines.
Les analystes de Commerzbank restent cependant « sceptiques quant aux chances de voir le pays s'éloigner significativement de sa politique zéro-Covid dans un avenir proche », et prévoient ainsi un « potentiel de reprise des cours des métaux de base » limité.
« Le marché a en tête la réouverture de la Chine et le tassement du dollar », souligne Geordie Wilkes, analyste chez Sucden Financial, avant d’ajouter que la réouverture totale de la Chine n’était pas pour tout de suite. « Le marché n’est pas aussi tendu qu’il ne l’était et la demande manque de relief », précise-t-il. Une opinion que semblent partager les analystes de Citi, pour qui, « les perspectives du marché physique semblent désastreuses ». D’après eux, la consommation va rester léthargique dans les mois à venir.
Parallèlement, le marché garde un œil sur la parité eurodollar. La devise européenne s’est nettement redressée ces derniers jours, contribuant probablement à la hausse des métaux. Pour ce qui concerne les perspectives d’évolution de cette paire, les banquiers semblent très divisés. D’aucuns voient le billet vert se renforcer à court terme, quand d’autres, comme la Société Générale voient au contraire l’euro s’acheminer tranquillement vers les 1,10…
En l’état, et d’un point de vue purement fondamental, la prudence reste donc de mise tant les facteurs susceptibles d’entraîner le marché dans un sens ou dans l’autre sont nombreux et interdépendants. Pour la plupart des observateurs, il n’y a pas, pour le moment, de tensions sur les disponibilités et tout laisse à penser qu’elles ne sont pas prêtes d’émerger. Par exemple, « le marché de l'aluminium reste amplement approvisionné pour l'instant » , ce qui signifie qu’il « serait donc particulièrement touché par les préoccupations relatives à la demande », si l'augmentation des cas de Covid en Chine incitait finalement le gouvernement à persister dans sa stratégie sanitaire, indique Thu Lan Nguyen de Commerzbank.
Sur le LME, la tonne d'aluminium pour livraison dans trois mois s'échangeait à 2.450 dollars (2.320 euros) mardi matin, contre 2.315 sept jours plus tôt. Pour sa part, le cuivre enregistre une progression de plus de 300 dollars, à 8.350 dollars (7.900 euros). Le nickel dégage également une forte hausse hebdomadaire, avec un gain de 1.450 dollars, à 27.700 dollars (26.215 euros). Une performance qui ne laisse pas d’étonner les observateurs qui ne constatent pas de hausse significative de la demande en inox, premier débouché pour le Métal du diable. Le zinc suit la tendance, avec un gain hebdomadaire de 200 dollars, à 3.145 dollars (2.980 euros) ; suivi par le plomb, à 2.200 dollars (2.091 euros). L’étain gagne 1.500 dollars, à 24.200 dollars (22.930 euros).