cuivre aluminium LME
Le dollar grimpe… les métaux chutent
Posté par : Christophe Véron 23.05.2023 à 10h50
Les facteurs négatifs s’accumulent dangereusement sur le marché des métaux non ferreux. Dernier en date : le dollar dont la remontée rapide et significative renchérit le cours des métaux pour les opérateurs détenteurs d’autres devises. Le billet vert a grimpé à un pic de 6 mois face au yen. L’impasse dans laquelle se trouvent actuellement les négociations concernant le plafonnement de la dette américaine n’incite pas à la prise de risque. Au vu de la situation, les participants craignent que les taux d’intérêt ne soient maintenus à un niveau élevé pour plus longtemps qu’espéré.
Dans une ambiance quasi crépusculaire, chacun attend avec inquiétude la contre-offensive ukrainienne et ses conséquences imprévisibles, ce qui déstabilise un peu plus les marchés qui ont une sainte horreur des incertitudes.
Fondamentalement, « les métaux de base ont subi des pressions après que les données économiques chinoises se sont une fois de plus révélées plus faibles que prévu », explique Thu Lan Nguyen, de Commerzbank. La reprise économique de la Chine, qui influe fortement sur la demande de métaux de base dont le pays est un grand consommateur, reste en effet saccadée. Une série d'indicateurs économiques moins bons qu'attendu pour avril, comme la consommation des ménages ou la production industrielle, ont freiné les espoirs d'une reprise économique forte et constante du pays depuis la levée en décembre des restrictions strictes contre le Covid-19.
Dans ce contexte, le cuivre est une nouvelle mis à mal. « Mai est traditionnellement une période calme en termes de demande pour les métaux de base. La demande en cuivre est faible, les commandes des usines de fil machine atones », commente Dan Smith, responsable des recherches chez Amalgamated Metal Trading. Et d’ajouter, « En outre, les stocks progressent ».
Les stocks du cuivre du LME ont bondi de 80 % depuis la mi-avril, et totalisaient lundi 92.250 tonnes. Les craintes de tensions sur l’approvisionnement qui régnaient il y a quelques semaines ne sont plus d’actualité. Le contango (écart entre le cours comptant et le cours 3 mois) illustre cette situation : il avoisine actuellement les 50 $ tonne.
Sur une semaine, le métal rouge voit son cours lowest LME fondre de près de 150 dollars pour venir flirter dangereusement avec le seuil des 8.000 dollars.
Le nickel toujours à la peine
Autre métal vedette à la peine : le nickel. Le Métal du Diable paye lui aussi les contre-performances de l’économie chinoise, mais aussi un recul significatif de la consommation en aciers inoxydables, son principal débouché. Jeudi 18 mai, le métal a touché un plus bas depuis début septembre, à 20.895 dollars la tonne. En plus de la tendance baissière globale des métaux industriels, le nickel connait également un « creux inférieur à celui de novembre 2020, en raison de la faible demande du secteur de l'acier inoxydable », note Daria Efanova, de Sucden Financial. Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s'échangeait à 20.950 dollars ce mardi matin, contre 21.400 dollars huit jours plus tôt.
Le zinc est également lourdement impacté. Son cours lowest LME abandonne une centaine de dollars, et passe sous la barre des 2.400 dollars. Comme pour le nickel avec les inox, le zinc paye une baisse des commandes dans le secteur des aciers galvanisés.
Comparés aux autres métaux, le plomb et l’étain tirent leur épingle du jeu. L’étain fait du sur-place, autour des 24.500 dollars, tandis que le plomb se paye le luxe d’une hausse… très symbolique puisqu’elle ne dépasse pas les 20 dollars, à 2.077 dollars.