cuivre aluminium LME
Métaux non-ferreux : le chant du cygne ?
Posté par : Christophe Véron 15.11.2022 à 08h30
Le cours du cuivre a bondi sur la semaine au London Metal Exchange (LME), reflétant l'optimisme des investisseurs sur la santé de l'économie mondiale, même si certains analystes appelaient à la prudence.
La tonne de cuivre a atteint vendredi 8.555 dollars, un sommet depuis fin juin. Il a entraîné dans son sillage l’ensemble du complexe. Une situation qui confine au chant du cygne, à moins que ce ne soit au mythe des moutons de Panurge...
« La Chine émet des signaux qui laissent à penser que les restrictions anti-Covid vont être allégées », souligne Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank. Les confinements à répétition du premier importateur mondial de matières premières pesaient sur la demande. Mais « avec les nuages de la récession qui s'amoncèlent sur plusieurs régions du monde, il est peut-être un peu tôt pour miser sur une reprise durable », prévient M. Hansen. « C’est une question d’opinion, de croyance, rien de tangible, considère pour sa part l’analyste Zenon Ho. Les gens pensent que le pire est derrière eux ». Dans les faits, la publication de données économiques chinoises indique une chute des placements immobiliers et des objectifs manqués dans les secteurs industriel et de vente au détail.
Dans les entrepôts agréés par le ShFE, les stocks de cuivre ont gagné 29 % en une semaine, atteignant 76.176 tonnes vendredi 11. Parallèlement, la dissipation des craintes de tensions sur l’offre sur le marché du cuivre, suite à une hausse des stocks dans les entrepôts du LME, a fait fondre la backwardation (écart entre les cours comptant et les cours 3 mois). Mardi, le marché affichait un contango de 19 $, contre une backwardation de 135 dollars il y a 3 semaines.
Le complexe est par ailleurs impacté par le regain de fermeté du dollar, qui rend les métaux plus onéreux pour les détenteurs d’autres devises. D’où la position de prudence que semble adopter en partie les opérateurs sur le LME, qui effectuent de régulières prises de bénéfices, qui faisaient reculer le cuivre à 8.400 dollars mardi matin, en hausse tout de même de près de 300 dollars sur une semaine. Le billet vert s’est toutefois inscrit en net recul face à l’euro en tout début de cette semaine. Reste que Christopher Waller, gouverneur de la Fed, a rappelé que la fin des hausses de taux était « bien loin », coupant court aux espoirs d'un adoucissement de la politique monétaire, qui avaient été ravivés par la publication, vendredi, de chiffres montrant un léger tassement de l'inflation. Dans une note de Jinrui Futures, des analystes déclarent : « La croissance économique mondiale demeure sous pression et toute hausse des cours est considérée comme un rebond s’inscrivant dans le cadre d’une tendance baissière, plutôt que comme le renversement de ladite tendance ».
Tels les moutons de Panurge, tous les autres métaux ont emboîté le pas au cuivre. Le nickel, passe directement des Enfers au paradis, gagnant près de 5.000 dollars à 28.580 dollars mardi, sans qu'aucun facteur fondamental ne soit susceptible d’expliquer une telle flambée. Même constat pour l’étain dont le cours lowest LME gagne plus de 2.000 dollars à 21.700 dollars. Le plomb (à 2.200 dollars, +200) et le zinc (3.150 dollars, +300) suivent le mouvement, sans plus d’explications convaincantes. Seul l’aluminium fait grise mine avec un gain de seulement 100 dollars, à 2.450 dollars. Du reste, à l’instar du cuivre, les prises de bénéfices sont régulières et confirment le caractère fragile du mouvement.