cuivre aluminium LME

La hausse des taux freine les velléités haussières

Posté par : Christophe Véron 08.02.2022 à 11h30

Prudence sur les marchés. Les investisseurs craignent que les hausses des taux envisagées par les banques centrales ne viennent peser sur la croissance et donc sur la demande en métaux de base. Quoique plus prudente que la Bank of England, qui a annoncé une hausse des taux, la banque centrale européenne s’est montrée plus incisive que prévu en envisageant un relèvement des taux dès 2022. « La question que se posent les acteurs du marché est de savoir quel impact ces changements de politique monétaire auront sur les perspectives économiques », commente Olen Hanse, analyste chez Saxo Bank. « Ces craintes concernant la croissance empêchent une poussée plus franche des cours, en dépit d’un appétit certain pour les matières premières, à la fois de la part des acheteurs du marché physique, mais aussi des spéculateurs et investisseurs », ajoute l’analyste.

Le cours du cuivre a fini la semaine dernière en recouvrant ses pertes de la semaine précédente, avant d’entamer celle-ci sur une note en demi-teinte sur le London Metal Exchange (LME). D’un lundi l’autre, le métal rouge parvenait  à gagner près de 150 dollars pour repasser la barre des 9.800 dollars ; à quelques encablures donc du seuil des 10.000 dollars, susceptible, affirment certains chartistes (spécialistes de l’analyse graphique), de déclencher une vague d’achats. Reste qu’il ne devrait pas voir ses cours s'envoler grâce à une offre prévue plutôt généreuse, estiment bon nombre d’analystes. En effet, l'institut national des statistiques du Chili, premier producteur mondial de cuivre, a annoncé la semaine dernière que le pays a produit un peu moins de 504.000 tonnes de cuivre en décembre. « Il s'agit de la quantité la plus importante depuis douze mois », commente Daniel Briesemann, de Commerzbank. « Néanmoins, l'augmentation de la production en décembre n'a pas pu empêcher une baisse de 1,9 % de la production de cuivre sur l'ensemble de l'année 2021, soit 5,68 millions de tonnes. » Selon la compagnie minière chilienne Codelco, citée par Commerzbank, la production de cuivre devrait également augmenter au niveau mondial cette année et l'année prochaine, dépassant la croissance de la demande. « La situation de l'offre, qui devrait de toute façon s'améliorer, devrait, à notre avis, empêcher une forte hausse des prix du cuivre », assurent les analystes de Commerzbank.

Aluminium : attentif aux tensions russo-ukrainiennes

Un temps chahuté par les prises de bénéfices essuyées par le cuivre, l’aluminium attaquait cette semaine sur une note franchement positive, se hissant à un plus haut de quatre mois, alors que les craintes concernant l’approvisionnement chinois et les déficits de production, en Europe et aux Etats-Unis, étaient exacerbées par l’érosion des stocks. Le cours de référence repassait ainsi la barre des 3.100 dollars la tonne. Les analystes expliquent que les autorités chinoises limitent la production des fonderies d’aluminium, grandes consommatrices d’énergie, dans le but de réduire la pollution pendant les jeux olympiques. « Le niveau des stocks est bas et continue de baisser », note Wenyu Yao, analyste chez ING. Par ailleurs, les menaces de sanctions envers la Russie, si le pays envahissait l’Ukraine, pourraient affecter l’offre mondiale en aluminium, dans la mesure où Rusal, deuxième producteur mondial après la Chine, compte pour environ 6 % de l’approvisionnement mondial. La Chine de son côté fournit environ 56 % de l’aluminium mondial, avec une production estimée à 67 millions de tonnes l’année dernière. Les stocks d’aluminium du LME totalisent 768.250 tonnes lundi 7 février, soit un plus bas de 22 ans, et un niveau réduit de moitié comparé à celui de mars 2021.

Les autres métaux privilégient aussi une certaine prudence. Le nickel attaquait la semaine en hausse de 600 dollars, à 23.335 dollars ; le zinc restait quasiment inchangé à 3.630 dollars (+30), tandis que le plomb perdait 40 dollars à 2.200 dollars. L’étain s’inscrivait en repli à 42.745 dollars (-250).