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Métaux mineurs : la Chine souffle le chaud et le froid

Posté par : Aline Lecuq 07.07.2023 à 15h40

La Chine est au cœur de l’actualité cette semaine. Le pays serait en effet sur le point d’acheter du cobalt en vue de constituer des réserves stratégiques. Sur les marchés du gallium et du germanium, l’Empire du Milieu a créé la surprise en annonçant la mise en place de licences d’exportation.

Gallium & germanium : la Chine va contrôler les exportations

La Chine va contrôler ses exportations de gallium et germanium dans le but de protéger ses intérêts et la sécurité nationale, a déclaré le ministre du Commerce du pays. Les deux métaux, utilisés dans le secteur des semi-conducteurs, sont désignés comme stratégiques par le gouvernement chinois. Le ministre a précisé, qu’à compter du 1^er août, les acteurs du marché ne seraient plus autorisés à exporter huit produits dérivés du gallium : l’antimoniure de gallium, l’arséniure de gallium, le gallium, le nitrure de gallium, l’oxyde de gallium, le phosphure de gallium, le séléniure de gallium et l’arséniure de gallium-indium. Six produits dérivés du germanium sont également concernés : le dioxyde de germanium, le substrat de germanium, le lingot de germanium, le germanium, le tétrachlorure de germanium et le phosphure de germanium du zinc. Les exportateurs devront demander des licences d’exportation.

Ces annonces ont plongé les marchés dans une certaine confusion. Quand certains opérateurs se veulent rassurants, indiquant que le marché a sur-réagi et qu’aucune raison ne laissait à penser que les licences d’exportation seraient difficiles à obtenir, d’autres s’inquiètent de possibles tensions sur l’offre à compter du 1^er août. Certains vendeurs conservent leur métal, espérant voir les cours progresser.

En réponse à ces mesures, Nyrstar a annoncé se pencher sur de nouveaux projets, pour aider à lutter contre de possibles pénuries de métal. « Nyrstar est actuellement en train d’identifier un certain nombre de projets potentiels en Australie, en Europe et aux Etats-Unis », a indiqué le groupe basé aux Pays-Bas. Il précise vouloir ajouter des métaux critiques et stratégiques dans son portfolio, notamment le gallium et le germanium, afin de répondre aux besoins locaux et régionaux.

Cobalt : la Chine veut constituer des réserves stratégiques

La Chine veut profiter de la chute des cours du cobalt pour constituer des réserves, d’après des sources proches du dossier. Le gouvernement pourrait ainsi acheter 2.000 tonnes de cobalt. Le département en charge de constituer ces réserves a invité trois fonderies locales et un négociant contrôlé par l’Etat à une réunion en vue de discuter d’un agenda, ont indiqué les sources, qui souhaitent conserver l’anonymat puisqu’elles n’ont pas le droit de s’exprimer publiquement. Les achats seraient sans doute effectués au second semestre, si les parties trouvent un accord. Les cours du cobalt ont chuté de 60 % depuis mai 2022, sur fond de hausse de la production en République Démocratique du Congo (RDC) et en Indonésie. L’excédent de production pourrait atteindre 30.000 tonnes cette année, et s’accentuer davantage l’année suivante, d’après Rystad Energy. Les fondeurs chinois sont fortement dépendants du minerai de RDC, même si l’Indonésie devient également une source non négligeable. Cependant, les élections qui auront lieu en décembre en RDC pourraient donner lieu à une montée de la violence, susceptible de déstabiliser le pays, d’après un groupe d’experts des Nations-Unies. La chute des cours du cobalt est un soulagement pour les constructeurs automobiles, mais certains tentent de trouver des alternatives au métal, en raison de considérations éthiques à l’égard des conditions de production en RDC, mais aussi de la volatilité qui a caractérisé le marché ces dernières années. Se défaire du cobalt sera sans doute un processus progressif, la demande sera probablement encore robuste pendant plusieurs années. En 2020, la Chine avait acheté 2.000 tonnes de cobalt pour ses réserves stratégiques.