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Métaux non-ferreux : la Chine flirte avec la déflation

Posté par : Christophe Véron 13.06.2023 à 11h45

Le marché des métaux est à la croisée des chemins. Le cuivre est remonté en fin de semaine dernière jusqu'à 8.451 dollars la tonne, un plus haut depuis près d'un mois, pour subir ensuite de régulières prises de bénéfices qui en disent long sur l’état d’esprit des opérateurs, tétanisés face aux incertitudes économiques, politiques et stratégiques qui pèsent sur le marché  -  tous métaux confondus  - pour les semaines et les mois à venir.

D’après Alastair Munro, stratège en métaux de base chez Marex, les indicateurs qui seront publiés cette semaine en Chine pourraient impacter les marchés. « Les cours des métaux vont être mis à rude épreuve. Je ne vois pas comment le cuivre ou l’aluminium peuvent progresser dans le contexte actuel », reconnait-il. Alors que les pays occidentaux se battent contre une inflation galopante, la Chine est, elle, face à une inflation particulièrement faible, flirtant même avec la déflation. « Le risque de déflation pèse toujours sur l'économie. Les indicateurs économiques récents envoient des signaux concordants signalant que l'économie ralentit », commente Zhiwei Zhang, analyste pour Pinpoint Asset Management. La Chine pâtit de la morosité de la demande domestique, mais aussi du tassement de la demande européenne et américaine, plombée par l’inflation et le niveau élevé des taux d’intérêt.

Par ailleurs, la Fed se réunit mardi et mercredi. Les chiffres de l’inflation de mai sont aussi attendus. Les réunions de la Banque centrale européenne et de la Banque du Japon vont également se tenir cette semaine. Parallèlement, toujours aux Etats-Unis, un bond des demandes d’allocations chômage laisse à penser que la Fed pourrait ne pas avoir besoin de relever ses taux davantage. Dans ce contexte, le dollar est en berne, proche d’un creux de 2 semaines.

Cuivre : trop tôt pour parler d’un retournement

 « Le cours du cuivre a bénéficié du fait que les importations de cuivre et de minerai de cuivre ont fortement augmenté d'un mois à l'autre » en Chine, premier consommateur mondial de métaux industriels, explique Thu Lan Nguyen, analyste chez Commerzbank. Les cours ont aussi trouvé un soutien dans « des rapports faisant état d'une baisse des stocks jusqu'à leur niveau le plus bas depuis cinq mois dans les entrepôts surveillés par les trois principaux marchés à terme à New York, Londres et Shanghai », souligne Ole Hansen, de Saxobank. « Il est encore trop tôt pour parler d'un grand retournement de tendance », prévient cependant Thu Lan Nguyen, rappelant que les perspectives économiques moroses pèsent toujours sur les métaux de base.

Les métaux industriels « souffrent d'une reprise post Covid-19 (après la levée des restrictions sanitaires fin 2022) en Chine jusqu'à présent moins gourmande en matières premières » qu'anticipé, explique également M. Hansen.

Les exportations du géant asiatique, historiquement un levier de croissance pour le pays, se sont contractées le mois dernier de 7,5% sur un an. L'activité manufacturière a pour sa part connu en mai un repli pour le deuxième mois consécutif.

Sur une semaine l’aluminium cède 30 dollars à 2.190 dollars, le nickel en gagne 300, à 21.150 dollars, le zinc progresse pour sa part d’une centaine de dollars pour venir flirter avec les 2.400 dollars, tandis que le plomb en gagne 30, à 2.065 dollars. Enfin, l’étain se maintient autour des 26.000 dollars.