cuivre aluminium LME
L’inquiétude monte, les cours baissent
Posté par : Christophe Véron 26.04.2022 à 10h55
Le fond de l’air s’était refroidi durant la semaine pascale et le coup de froid est tombé brusquement en début de semaine avec l’enregistrement de baisses significatives sur les marchés de métaux, comme sur les marchés actions. La journée du lundi 25 avril a été particulièrement sanglante sur le marché avec des pertes significatives enregistrées sur la plupart des métaux. Toutefois, « les cours se sont un peu rééquilibrés (…), grâce à la Banque populaire de Chine (PBoC) qui a annoncé de nouvelles mesures de soutien [à la deuxième économie mondiale], explique l’analyste d’ANZ, Soni Kumari. La situation épidémique continue de peser sur la demande en métaux, mais vu l’état actuel de l’offre, on peut dire que les corrections d’hier [lundi 25/04 - ndlr] ont été exagérées. »
« Des facteurs multiples pèsent sur le cuivre et les autres métaux, particulièrement sur le front macroéconomique, notamment les craintes grandissantes d’une potentielle récession aux Etats-Unis », explique Wenyu Yao, analyste chez ING Bank.
« Initialement, le confinement de Shanghai devait être très court mais cela fait maintenant plus d’un mois et personne ne sait quand il va prendre fin, ce qui est source d’inquiétude », ajoute l’analyste.
Parallèlement, « pour les métaux, la prime au risque russe s'est érodée et l'attention s'est tournée vers la demande chinoise en raison des restrictions Covid », ont commenté les analystes de JP Morgan. La ville de Shanghai reste confinée, plombant l'activité de la capitale économique chinoise. Etant donné le rôle central de la Bourse de Shanghai pour le marché des métaux et l'importance de la Chine comme premier importateur de matières premières, « les investisseurs attendent le retour des Chinois sur le marché avant de prendre des paris trop risqués », à la hausse comme à la baisse, commente Al Munro, courtier chez Marex.
« Ce qui ressort, pour tous les métaux de base, ce sont les difficultés à faire des affaires depuis un certain temps avec la Chine, en raison des contraintes logistiques liées aux confinements », constate pour sa part Eoin Dinsmore, analyste au CRU. « La stratégie zéro Covid de la Chine semble incompatible avec le maintien d’une croissance économique robuste », ajoute l’analyste.
Malgré le risque d'un affaiblissement de la demande chinoise, tout mouvement des cours à la baisse « ne durerait pas car il serait suivi par un rebond dopé par un soutien gouvernemental à l'économie chinoise », estiment les analystes de JP Morgan. Une voix positive toutefois : « la nécessité d'agir pour isoler la Russie en se sevrant de son pétrole et de son gaz va probablement accélérer l'électrification du monde » pour pouvoir utiliser plus d'énergie renouvelable, « ce qui va demander une abondance de cuivre », ajoute Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank. Sans doute… En attendant, le métal rouge décroche lourdement sur une semaine, son cours lowest LME cédant plus de 1.500 dollars en cinq séances, à moins de 9.850 dollars mardi en matinée. L’aluminium HG n’est pas à la fête non plus avec une perte de 250 dollars qui le fait passer sous la barre des 3.100 dollars. Même sanction pour le zinc qui abandonne également 250 dollars, à 4.200 dollars. A noter que le marché mondial du zinc a présenté en février dernier un excédent de production de 14.300 tonnes, après un déficit de 17.500 tonnes en janvier (chiffre révisé). Le nickel essuie quant à lui une perte de 1.200 dollars sur une semaine, à 32.525 dollars mardi matin. L’étain perd pour sa part près de 3.000 dollars, et vient ainsi titiller le seuil hautement symbolique des 40.000 dollars. Enfin, le plomb limite sa perte à 90 dollars, à 2.340 dollars.