nickel aluminium LME
L’aluminium atteint un record historique
Posté par : Christophe Véron 01.03.2022 à 10h55
Parler de nervosité sur les marchés de métaux relève de l’euphémisme. A l’heure où nous bouclons ce numéro, le marché anticipe un assaut massif des troupes russes sur la capitale ukrainienne.
Les cours de l'aluminium et du nickel ont grimpé en flèche, dopés par l'invasion russe en Ukraine, l'aluminium atteignant dès jeudi dernier un nouveau record historique et le « métal du diable » culminant à son plus haut niveau depuis près de onze ans.
Parallèlement, on apprenait en début de semaine que l’activité manufacturière chinoise s’est révélée plus solide que prévu en février, sur fond de hausse du nombre de nouvelles commandes. Cet indicateur est jugé rassurant par les investisseurs dans la mesure où il montre la résilience de l’économie, dans un contexte relativement défavorable.
Sur le London Metal Exchange (LME), l'aluminium avait atteint un plus haut historique à 3.480 dollars la tonne jeudi 24 février, quelques heures après l'annonce par le président russe Vladimir Poutine d'une « opération militaire » en Ukraine. Il a, par la suite, inscrit un nouveau pic historique, à 3.492,5 $/t, lundi 28 février.
« Les cours de l'aluminium et du nickel ont fortement augmenté dans le contexte de l'escalade du conflit entre la Russie et l'Ukraine », commente Daniel Briesemann, analyste chez Commerzbank.
L'aluminium et le nickel font partie des métaux « qui dépendent de l'offre russe », explique Al Munro, courtier chez Marex, la Russie étant le deuxième producteur mondial d'aluminium, et l'un des plus importants producteurs de nickel, avec l'Indonésie. Cette hausse s'est toutefois ralentie vendredi 25 février, les sanctions occidentales à l'encontre de la Russie n'affectant pas pour le moment l'industrie de l'aluminium et du nickel.
« Les États-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni se sont abstenus d'imposer des sanctions sur les exportations de matières premières de la Russie », soulignent les courtiers de Marex. « Cependant, nous ne pensons pas que le risque de rupture d'approvisionnement soit écarté, car la Russie elle-même pourrait décider de restreindre ses exportations de matières premières en représailles », avertit Daniel Briesemann. D'autant que, selon Commerzbank, les stocks d'aluminium dans les entrepôts du LME sont proches de leur plus bas niveau depuis 15 ans, et ceux de nickel sont également modestes.
A noter que le producteur russe d’aluminium Rusal a déclaré lundi 28 février que la production de la fonderie Nikolaev, en Ukraine, avait été stoppée, en raison de problèmes logistiques sur la Mer Noire et aux alentours.
L'envolée du prix du gaz pourrait également inciter encore plus de fonderies, très gourmandes en énergie, à réduire leur production « dans la mesure où la hausse des cours de l'aluminium ne compense pas les coûts plus élevés », poursuit l'analyste.
« Au regard des annonces récentes, il n’y a pas de sanction qui impacterait les afflux de métaux, mais le nombre grandissant d’entreprises russes touchées rend les acteurs du marché nerveux », note Wenyu Yao, analyste chez ING Bank. Et d’ajouter, « Le zinc et l’aluminium sont également impactés en raison du niveau élevé des prix de l’énergie. Même si le pétrole et le gaz sont exclus des sanctions, si Poutine utilise le gaz comme moyen de représailles, les cours pourraient s’envoler plus haut encore ».
Sur une semaine, le cuivre reste globalement stable à 9.950 dollars. L’aluminium HG progresse de 40 dollars, à 3.400 dollars, le nickel recule de 200 dollars à 24.635 dollars, le plomb gagne 75 dollars à 2.400 dollars, le zinc en gagne 100 à 3.700 dollars et l’étain en gagne 13, à 45.485 dollars. Comme on le voit, ramenées en mouvements d’un mardi l’autre, les variations sont modestes.