cuivre aluminium LME
L'aluminium a du plomb dans l’aile
Posté par : Christophe Véron 02.11.2021 à 12h20
Si le supplice est chinois, la douche n’est pas écossaise, mais bel et bien londonienne, si l’on en juge par la dégringolade des marchés de métaux ces dernières semaines. De fait, c’est du côté de la Chine que les yeux des opérateurs sont désormais tournés. Dans l’Empire du Milieu, les signes négatifs n’en finissent pas de s’accumuler avec toutes les conséquences prévisibles, voire déjà perceptibles, partout ailleurs dans le monde.
Les métaux de base sont notamment affectés par le repli des cours du minerai de fer — en Chine, sur le marché de Dalian, les contrats à terme indexés sur cette matière première ont en effet reflué non loin d’un plus bas d’un an. Cette baisse s’explique par les mesures de contrôle de la production prises par Pékin ainsi que par la dégradation de la demande en aval — le risque de défaillance du géant de l’immobilier Evergrande contribue grandement à cette dégradation. Pour l'analyste de Commerzbank Daniel Briesemann, « les autorités chinoises (...) cherchent à plafonner les prix du charbon afin d'atténuer la pénurie d'électricité », explique-t-il, de quoi alléger les coûts de production de fonderies très gourmandes en électricité et leur permettre de tourner à une cadence plus élevée.
Toutefois, certains observateurs souhaitent relativiser cette baisse, et notent que les volumes échangés à Londres étaient assez faibles en début de semaine, probablement recouvriront-ils un peu de consistance après la réunion du comité de politique monétaire de la Fed qui se tenait en ce début de semaine.
En attendant, le cours de l'aluminium a souffert ces derniers jours sur le London Metal Exchange (LME), tombant en fin de semaine dernière à 2.602 dollars la tonne, un plus bas depuis la fin du mois d'août. Le métal léger continue toutefois de pâtir de la pénurie de magnésium, utilisé pour fabriquer des alliages destinés aux secteurs de l’automobile et de la construction, rappelle Duncan Hobbs, directeur de la recherche chez Concord Resources. « Il est possible que la pénurie de magnésium impacte la demande en aluminium, mais les cours de ce dernier vont devoir rester élevés sur une longue période pour encourager les compagnies minières à produire hors de la Chine », avertit-il.
Pour mémoire, l’énergie représente 40% du prix de l’aluminium. Si le prix du charbon est depuis redescendu de son sommet, l’offre en aluminium est toujours aussi restreinte. « Les fondamentaux n’ont pas changé, les restrictions énergétiques perdurent et en conséquence la menace sur l’offre également », souligne l’analyste Wenyu Yao, d’ING, qui estime que la chute des cours jeudi dernier était exagérée. Les warrants, métal disponible à la vente, atteignent 625,350 tonnes, soit leur plus bas depuis 2018.
Fort de ces constats, le marché semble avoir corrigé ses excès de la semaine dernière, l’aluminium recouvrant quelque couleur mardi en repassant la barre des 2.700 dollars.
Une chose est sûre : le métal léger a entraîné dans son sillage baissier l’ensemble du complexe. A commencer par le cuivre qui limite toutefois ses pertes hebdomadaires à 300 dollars, à 9.500 dollars ce mardi. Le marché prend note que les stocks des entrepôts du LME ont chuté de 45 % depuis août, à 140.175 tonnes. Les cancelled-warrants (métal prêt à être livré) s’élevaient vendredi dernier à 108.700 tonnes, ce qui suggère que les stocks pourraient reculer davantage dans les jours à venir.
Les autres métaux sont plus ou moins chahutés. Le cours lowest LME (LLME) du nickel perd près de 900 dollars en l’espace de cinq séances et retombe sous la barre des 19.500 dollars. L’étain se défend un peu mieux avec une perte de ’seulement’ 600 dollars, à 36.770 dollars, tandis que le plomb accuse un repli d’une grosse cinquantaine de dollars, à 2.368 dollars mardi matin. Le zinc limite également la casse, avec un repli de 100 dollars, à 3.315 dollars.