cuivre aluminium LME
Des opérateurs de plus en plus timorés
Posté par : Christophe Véron 21.03.2023 à 10h05
Le spectre d’une crise financière mondiale plane sur les places financières et fragilise un peu plus le marché des métaux, qui n’avait vraiment pas besoin de ça. Parallèlement, le billet vert regagne du terrain, ce qui rend les produits libellés en dollar plus onéreux pour les détenteurs d’autres devises. Si le dollar progresse, il reste néanmoins autour d’un creux de 5 semaines. Soulagés par la reprise du Crédit Suisse par UBS, les courtiers ont prudemment repris le chemin des investissements plus risqués. « Le marché risque de perdre son goût du risque », prévient toutefois une note signée Jinrui Futures.
Pour l’heure, « le marché tente d’évaluer les répercussions sur le secteur des métaux », commente Nitesh Shah, stratège pour WisdomTree. « Les marchés des métaux sont très sensibles aux facteurs macroéconomiques, et tout ce qui intervient au niveau bancaire pourrait ralentir l’activité économique », ajoute-t-il.
Parallèlement, Alex Munro, courtier chez Marex, mentionne « l'incertitude persistante entourant la réouverture de la Chine », important consommateur de métaux de base, comme facteur pesant sur les cours.
Dans les faits, le cours du cuivre a diminué d’environ 200 dollars d’une semaine l’autre sur le London Metal Exchange (LME), à 8.700 dollars mardi matin, et ce, malgré les incertitudes qui subsistent autour de l'offre, notamment venue du Pérou. « Les troubles au Pérou ont considérablement réduit l'offre de cuivre en provenance du deuxième pays producteur de cuivre au monde », explique Thu Lan Nguyen, analyste chez Commerzbank. Pour mémoire, le Pérou est empêtré dans une grave crise politique et sociale qui a éclaté le 7 décembre avec l'éviction et l'incarcération de l'ancien président de gauche Pedro Castillo, remplacé par sa vice-présidente Dina Boluarte. La chute de M. Castillo après dix-sept mois à la tête du pays a déclenché de violentes manifestations qui ont fait 48 morts et plus de 600 blessés dans des affrontements entre ses partisans et les forces de l'ordre. « Les troubles, qui ont causé des entraves considérables au transport, se sont reflétés plus clairement dans les exportations de cuivre », qui ont baissé d'environ 20% sur les premières semaines de l'année par rapport à la même période l'année précédente, poursuit-elle.
Ces chiffres n'ont pas suffit à soutenir les cours du cuivre, « contrebalancés par l'impact négatif sur les prix de l'augmentation générale de l'aversion au risque » cette semaine, explique Thu Lan Nguyen. Pour autant, « le marché spot a fait preuve de résilience après que le cours du cuivre a chuté. Nombreux étaient ceux qui voulaient constituer des stocks, ce qui a permis au cours de se maintenir », pointait en début de semaine une note de chez Jinrui Futures. Une correction des cours reste toutefois très probable, estiment la plupart des analystes
Résistance de l’aluminium
Comparé au cuivre, l’aluminium fait preuve d’une bonne résistance avec un cours lowest LME qui cède seulement une trentaine de dollars sur une semaine, à 2.235 dollars mardi matin. Les importations chinoises d’aluminium aux mois de janvier et février 2023 sont supérieures de 11,3 % à celles de l’année précédente, avec 374.321 tonnes au total. Cette hausse est en partie due à l’enthousiasme des acheteurs qui, après la levée des mesures anti-Covid, anticipaient une importante reprise économique.
Le nickel cède pour sa part un millier de dollars, à 22.500 dollars. Repli plus modéré pour le zinc, à 2.900 dollars (-30). Le plomb fait preuve d’une remarquable stabilité à 2.110 dollars tandis que l’étain en fait autant autour des 22.600 dollars. L’or, enfin, repasse sous la barre des 2.000 dollars l’once.