cuivre aluminium LME
Dans la crainte d’une nouvelle hausse des taux US
Posté par : Christophe Véron 28.02.2023 à 11h50
Le London Metal Exchange commence à faire preuve d’une nervosité certaine. Le cuivre est en tout premier lieu touché par l’extrême nervosité des opérateurs. Après avoir enregistré de belles performances en seconde partie de la semaine dernière, il subissait rapidement des prises de bénéfices qui se sont accentuées au début de celle-ci. « Le principal facteur à l'origine de la baisse du cuivre par rapport aux sommets initiaux de la semaine passée a été la hausse des attentes d'un ton plus strict de la Fed », affirme James Harte, de TickMill Group. « La récente augmentation de l'inflation en janvier a quelque peu effrayé les marchés, augmentant les risques que la Fed accélère le rythme de ses resserrements de taux », poursuit-il. Or, une remontée des taux risque toujours de peser sur la croissance. Fortement utilisé dans l'industrie, notamment pour la confection de circuits électriques, le cuivre est connu pour refléter l'état de santé de l'économie mondiale, d'où son surnom de Docteur Cuivre (Dr Copper). Le métal rouge est ainsi très sensible à un potentiel ralentissement de l'activité économique mondiale, servant de baromètre de l'économie.
Les analystes de Bank of America rappellent toutefois que le cuivre a connu un fort démarrage en 2023 grâce à la réouverture de la Chine. Le métal devrait selon eux profiter à moyen terme d'une reprise de la demande dans le pays, avec la fin de la contraction du domaine de la construction, voire d'une reprise du secteur du logement. Toutefois, là encore, les opérateurs se montrent extrêmement prudents. S’ils croient effectivement à une reprise prochaine de la consommation en Chine, ils sont bien obligés de constater que, pour le moment, cette reprise se fait encore attendre. Pour mémoire, la Chine représente à elle seule la moitié du cuivre consommé dans le monde. Toutefois, les stocks de cuivre du ShFE (la bourse des métaux à Shanghaï) ont bondi de 360 % depuis le 23 décembre dernier, et totalisent actuellement 252.455 tonnes. Cette tendance met en évidence la faiblesse de la demande chinoise.
Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 8.850 dollars mardi matin, en baisse de 300 dollars sur une semaine. Un niveau encore trop élevé aux yeux de certains analystes comme Tom Price, stratège chez Liberum qui constate que « les investisseurs ont misé leur argent sur le cuivre, mais les fondamentaux ne se sont pas améliorés ». Selon lui, le cours du métal rouge devrait se situer autour des 7.000 dollars…
Toujours au chapitre du cuivre, l’approvisionnement en cuivre en provenance d’Indonésie, du Pérou et du Chili fait face à des perturbations depuis plusieurs semaines (cf. nos éditions précédentes). Mais les analystes et négociants estiment qu’elles ne sont pas assez fortes pour faire basculer le marché des concentrés en déficit cette année.
Nickel : reprise des cotations
A noter, l’annonce du LME, qui va reprendre les échanges sur le nickel pendant les heures d’ouverture du marché asiatique, à compter du 20 mars prochain. Depuis la suspension des échanges, en mars 2022, lorsque les cours s’étaient envolés à plus de 100.000 $/tonne, les échanges sur le nickel se faisaient entre 8h et 19h, heure anglaise. Sur une semaine, le cours du ‘Métal du Diable’ enregistre une perte de près de 1.700 dollars, à 24.830 dollars.
Côté aluminium, la tendance est là aussi à la prudence chez les opérateurs qui prennent en compte la baisse des cours du gaz et donc le probable redémarrage de certaines unités de production arrêtées lorsque les coûts énergétiques avaient flambé. Sur une semaine, son cours lowest LME affiche une baisse de 130 dollars, le faisant flirter avec le seuil des 2.300 dollars. A signaler toutefois la bonne tenue des primes payées sur le marché physique (290/320$/t pour des lingots P1020A).
Enfin, à signaler le net recul du zinc qui passe sous la barre des 3.000 dollars, à 2.970 dollars mardi matin, en baisse de 150 dollars. Idem pour le plomb, à 2.080 dollars (-70) et l’étain, à 24.985 dollars (-11.865 dollars)