nickel aluminium cuivre
Coronavirus + risque de récession : le doute s’installe
Posté par : Christophe Véron 29.03.2022 à 11h45
Malgré un contexte international passablement compliqué et une visibilité de plus en plus réduite pour les marchés, les cours du nickel ont grimpé en flèche, après la reprise chaotique des échanges la semaine dernière sur le London Metal Exchange (LME).
« Le nickel s'échange et reste ouvert car il trouve enfin un palier... », soulignait vendredi dernier Al Munro, courtier chez Marex, ajoutant néanmoins qu'il évolue toujours de façon confuse « dans un contexte de liquidité désastreuse ». « Les fluctuations brutales des cours (...) poussent de nombreux investisseurs à se retirer des marchés des matières premières, ce qui, en retour, réduit la liquidité et a pour effet d'accroître la volatilité des cours », explique Ipek Ozkardeskaya, analyste pour la banque Swissquote. « Le nickel est clairement devenu le visage de cette volatilité délirante », poursuit-elle, puisque le cours du « métal du diable » a bondi de 15% jusqu'à sa limite supérieure pour le deuxième jour consécutif jeudi 24 mars.
Depuis l'envolée folle des cours le 8 mars dernier jusqu'à plus de 100.000 dollars la tonne - transactions annulées depuis par le LME - puis plus d'une semaine d'interruption du commerce du nickel, la Bourse des métaux de Londres tente de contenir la volatilité du métal. Le London Metal Exchange a en effet imposé des limites de mouvement de cours, d'abord de plus ou moins 5%, en augmentant progressivement jusqu'à 15%. Les investisseurs fuyaient le marché, faisant plonger les cours du nickel à leur limite basse en quelques secondes à chaque ouverture de séance. Pour mémoire, Il y a près de deux semaines, les échanges s'étaient directement arrêtés au cours de 31.380 dollars la tonne, la limite basse alors fixée par le LME. Depuis, ils sont remontés à un peu plus de 35.000 dollars pour ensuite retomber autour des 32.000 dollars.
Cuivre : hésitant
Le cuivre reste pour le moins hésitant. Après avoir refait une partie du chemin perdu, le métal rouge subissait dès ce début de cette semaine de régulières prises de bénéfice sur fond de craintes concernant la demande chinoise, en raison de la propagation de coronavirus. « Nous craignons un impact sur la production industrielle chinoise, et un tassement de la demande à court terme », déclare Guy Wolf, analyste chez Marex. La décision de confiner Shanghai, dans le but de freiner les contaminations, a exacerbé les craintes concernant les perspectives de croissance de la deuxième économie mondiale.
A noter également qu’Outre-Atlantique, la courbe des rendements obligataires américains à cinq et trente ans s'est inversée lundi, une situation inédite depuis 2006. « Il y a une réelle inquiétude que le resserrement monétaire nécessaire, pour ramener l'inflation à l'objectif, en particulier aux Etats-Unis, puisse déclencher au mieux un ralentissement économique ou au pire une véritable récession », a déclaré Stuart Cole, macroéconomiste en chef chez Equiti Capital.
Par ailleurs, Codelco, plus grand producteur de cuivre mondial, va proposer au marché des avoirs miniers « non essentiels », ce qui reviendrait à privatiser certains avoirs, un fait rare pour le groupe minier public chilien. Patricio Vergara, vice-président des ressources minières et du développement chez Coldelco, a déclaré que les actifs cédés pourraient devenir d’éventuels partenariats, ce qui créerait un nouveau modèle pour le groupe chilien.
D’un mardi l’autre, le cuivre fait preuve d’une fragile stabilité, à 10.300 dollars (-50). L’aluminium ne fait guère mieux, avec un gain de seulement 40 dollars, à 3.592 dollars. En revanche, le plomb se consolide à 2.370 dollars (+50) ; de même que le zinc qui franchit à nouveau la barre des 4.000 dollars (+80). Enfin, l’étain gagne près de 1.000 dollars, à 42.460 dollars.